Lorsque j’ai reçu l’appel de Véronique pour son fils Sanjiv, j’ai aussitôt compris à quel point ils étaient déterminés et que tous deux savaient ce qu’ils voulaient.
Parce qu’il leur en a fallu de la détermination à tous les deux, pour supporter le poids d’une maladie dégénérative jusqu’au 24 ans de Sanjiv. Véronique s’est consacrée, durant les dernières années à accompagner son fils 24h sur 24 parce qu’il n’y avait plus d’institution pour l’accueillir.
Véronique voulait que Sanjiv reste à la maison avec elle jusqu’au bout, jusqu’à la mise en bière… Seulement, ça ne se fait plus ! C’était la première chose à résoudre, nous avions 48 heures pour décider soit de le laisser à domicile ou soit de l’emmener en chambre funéraire… Sanjiv pesait moins de vingt kilos, il était installé paisiblement dans son lit avec ses doudous. Il était nécessaire d’évaluer la possibilité de rester à domicile. Notre thanatopractrice est donc venue réaliser la toilette. Véronique a ainsi pu accompagner ces gestes là. Sanjiv a pu rester à domicile jusqu’à la mise en bière.
Et puis, Sanjiv voulait un cercueil rouge, de la même couleur que les camions de pompiers. Autant vous dire que les cercueils rouges ça n’existe pas, il fallait le peindre. Trouver le temps pour acheter la peinture, les pinceaux, changer de tenue et se mettre à l’ouvrage. Mais, l’histoire de ces deux-là qui vous touche en plein cœur et la détermination de Véronique font le reste. On prend du plaisir à s’exécuter. Le cercueil sera rouge avec des poignées dorées. On va détonner lors du convoi ! Et puis à Syprès, ça nous fait vraiment plaisir de sortir des sentiers battus.
La mise en bière – lorsque Sanjiv a été installé dans le cercueil – m’a beaucoup ému. Véronique voulait s’en occuper seule. Elle voulait lui installer son nid douillet avec sa couette, son oreiller et tous ses doudous. Elle l’avait accouché, élevé en partie seule. Et ces derniers temps, elle l’avait porté à bout de bras du fauteuil, au lit et du lit au fauteuil et du fauteuil au bain… Tant de fois. Et là ce serait la dernière fois, le dernier « accouchement ». Elle le faisait avec les plus beaux gestes du monde, celle d’une mère qui donne tout pour une Vie, tout pour Sanjiv.
La cérémonie s’est passée à l’église, dans la simplicité, avec les personnes que Sanjiv avait choisies et réunies et pour les remercier d’être venues, il leur a offert des bonbons. Comme on le fait nulle part ailleurs, comme était Sanjiv, doux, tendre… unique.
Article rédigé par Olivier G.