En ces temps d’épidémie et de confinement, les cérémonies sont impossibles à réaliser. Mais nous pouvons cependant aider les personnes endeuillées à les préparer.
Comment on vit la mort au temps du coronavirus
Pendant cette longue période de réclusion à domicile, nous entendons jour et nuit parler de la mort, nous suivons le décompte des victimes et nous subissons, presque en direct, l’agonie des malades en salle de réanimation. Mais si l’idée de la mort est invasive, sa réalité est occultée.
Tous ceux qui sont en ce moment confrontés au décès d’un proche subissent une double peine : à la perte de l’être cher s’ajoute l’impossibilité de l’accompagner.
Il est prohibé de rendre visite à un malade à l’hôpital ou en Ehpad. S’il est atteint du Covid-19, on ne peut l’assister dans ses derniers moments, ni être présent à la mise en bière. Quant aux obsèques, elles sont vite expédiées en petit comité.
Le coronavirus est la première maladie mortelle qui nous prive du deuil et des rituels pour le surmonter. Même si de récentes mesures ont permis d’atténuer ces dispositifs expéditifs.
https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/coronavirus-de-nouvelles-regles-pour-les-obseques-1585719179
Les conséquences de cette mort confisquée
Ne pas vivre la mort des proches est un authentique traumatisme. Nous restons sidérés par l’évènement, par l’impossibilité de pouvoir dire au revoir. Dans le meilleur des cas, nous assistons à des funérailles en catimini nous ne pouvons même pas aller fleurir les tombes des cimetières . Nous sommes « congelés » dans un temps irréaliste et insupportable.
Il est cependant désormais autorisé de repousser l’inhumation (le gouvernement a allongé les délais maximum de 6 à 21 jours, voire plus sur autorisation du préfet). Ou, si l’on a déjà procédé à l’enterrement ou la crémation, il est possible de différer les rituels.
Que propose Syprès ?
Notre projet a toujours été de prendre soin de l’ultime passage. Pour nous, la séparation ne peut se faire par procuration (et encore moins par téléconférence !).
Dans un premier temps, nous pouvons bien entendu investir les moments qui nous restent et qui sont limités au peu de personnes autorisées : Par exemple, réciter un poème lors de la lever du corps, déposer des objets dans le cercueil lors de la fermeture (limité à 5 personnes au funérarium), poser des paroles, des gestes (même à distance les uns des autres), des regards des attentions.
Après cette mort désincarnée au temps du coronavirus, nous proposons aux proches de préparer avec un célébrant ou une célébrante une cérémonie laïque. Procéder à ce rituel permet de faire enfin ses adieux à la personne aimée, d’accomplir enfin la séparation afin de pouvoir passer à un autre moment.
Avec l’épidémie, les rituels seront forcément décalés dans le temps. Mais ils pourront reprendre dès la fin du confinement et surtout lorsque les réunions publiques seront à nouveau autorisées.
Ce « contretemps » n’est pas forcément un inconvénient. La préparation en amont pourra être l’occasion d’échapper à la précipitation habituelle des funérailles. Si l’inhumation a déjà eu lieu, nous aurons plus de facilité à trouver des lieux pour un hommage différé : il est en effet plus simple de trouver des salles de réunion publiques quand le cercueil est absent…
Enfin, décaler les cérémonies permet de réunir plus aisément des amis ou des membres de la famille éloignés. Les cérémonies pourront alors avoir encore plus de sens, car nous aurons plus de temps pour construire des rituels laïcs adaptés à la personne disparue. Un peu à l’image de ce qui existe dans d’autres civilisations où l’enterrement du corps est distinct de celui de l’âme…